Lorsque l'on arrive sur la place de Goegnies-Chaussée, difficile de savoir si l'on se situe en territoire belge ou français. En fait, tout dépend où vous vous trouvez... Si vous déjeunez Au Carrefour des Saveurs, vous êtes en France. Par contre, si vous mangez une frite juste en face au Clothaire, vous êtes en Belgique. Une situation pour le moins insolite dont les habitants s'accommodent avec le sourire. Si les Français apprécient les échoppes de chocolat et de tabac côté belge, la cuisine traditionnelle proposée dans les restaurants français semblent ne pas laisser indifférents les Belges ! Sur la place, au pied d'un immense chêne planté en 1789, les plaques d'immatriculation rouges et noires se mélangent.
Tous de Go(e)gnies !
Goegnies et Gognies ont divorcé le 17 septembre 1678. Le traité de Nimègue divisa le couple pour céder une partie au royaume de Louis XIV et l'autre aux Pays-Bas autrichiens. Séparés par l'ancienne voie romaine qui reliait Tongres à Bavay, les deux villages vivent toujours en parfaite harmonie.
Ici que l'on soit de Gognies en France ou de Goegnies en Belgique, le partage semble être une seconde nature. Gérée par les deux communes, l'église par exemple accueille l'ensemble des fidèles des deux villages. Pas question de faire des différences. Les personnes âgées belges sont invitées aux repas des aînés français et vice et versa. La cérémonie du 11 novembre démarre de l'église en sol français pour aller au cimetière belge et aux monuments aux morts des deux communes. Un défilé que l'on pourrait qualifier d'international ! Pour beaucoup, les associations comptent des membres de chaque côté de la frontière.
Un patrimoine commun
Le marché traditionnel du mardi après-midi rassemble tout ce beau monde. Sur la place, les produits locaux des fermes alentours remplissent les paniers : produits laitiers, légumes, tresses d'ail mais aussi volailles et animaux de basse-cour ! Il fait bon vivre à Goegnies-Chaussée. Les paysages vallonnés se prêtent idéalement aux promenades et il suffit de quitter la chaussée Brunehault de quelques mètres pour rejoindre des sentiers bucoliques. Sans vraiment vous en rendre compte, vous passerez d'un côté et de l'autre de la frontière et vous surprendrez à découvrir quelques trésors comme le château de Gontreuil. Situé sur le sol français, sachez qu'il ne l'a pas toujours été !
Le Château de Gontreuil
Ce magnifique château a été rebâti au XIXe et au Xxe siècle sur les fondations de l'ancienne forteresse. Situé sur les terres de Gognies côté France, il a longtemps été rattaché à la paroisse de Grand-Quévy et il n'est pas rare ici que l'on s'en amuse. Lui aussi semble avoir joué à saute-frontière à travers les siècles. Cédé à la France en 1779 par Marie-Thérèse d'Autriche, il fut le fief de la famille de Gontreuil. Son histoire n'a pas toujours été un long fleuve tranquille, le Prince d'Orange (futur roi des Pays-Bas) y prit ses quartiers lors du blocus et siège de Maubeuge en 1793. Sans la passion de la famille d'Hendecourt, il ne serait sans doute pas dans un si bel état aujourd'hui. Briques, pierre calcaire, linteaux en pierre bleue : une architecture bien d'ici. Une ode à la région... toute entière !