photo_resize.jpg

Circuit Moneuse : la chute d'un brigand, la naissance d'une légende - Quévy

Historique à Quévy
4.7 km
Pédestre
1h
Moyen
4.7 km
Cyclotouriste
30min
Moyen
  • Ce circuit vous emmène sur les traces d'Antoine-Joseph Moneuse, le célèbre brigand et Capitaine des Chauffeurs du Nord.

    Nous nous attarderons ici sur la chute du personnage, depuis son arrestation à Quévy-le-Petit en passant par ses jugements à Mons et à Douai jusqu'à son exécution le 18 juin 1798.

    Mais l'histoire de Moneuse ne s'arrête pas à sa mort. Elle ne fait que commencer grâce la légende populaire. Nous nous attarderons ici sur la fête à Béria, folklore local largement inspiré de...
    Ce circuit vous emmène sur les traces d'Antoine-Joseph Moneuse, le célèbre brigand et Capitaine des Chauffeurs du Nord.

    Nous nous attarderons ici sur la chute du personnage, depuis son arrestation à Quévy-le-Petit en passant par ses jugements à Mons et à Douai jusqu'à son exécution le 18 juin 1798.

    Mais l'histoire de Moneuse ne s'arrête pas à sa mort. Elle ne fait que commencer grâce la légende populaire. Nous nous attarderons ici sur la fête à Béria, folklore local largement inspiré de Moneuse, qui se déroule chaque année à Quévy-le-Petit.

    Bonne promenade et ouvrez l’œil... Les bandits rôdent.

    Le tracé reprend celui du circuit Béria, réalisé à l’initiative de l’ A.S.B.L Petit Kévy avec le soutien du Parc Naturel des Hauts-Pays. Un balisage et des panneaux didactiques sont en place.

    Circuit créé et édité par le Parc Naturel des Hauts-Pays

    Illustrations Claude Renard.
  • Dénivelé
    38.22 m
  • Documentation
    Les fichiers GPX / KML vous permettent d'exporter le tracé de votre randonnée sur votre GPS (ou autre outil de navigation)
Points d'intérêt
1 Le contexte
C'est à une période troublée que se déroulent les faits. Les frontières se diluent suivant les victoires et défaites des soldats français et autrichiens. Après la révolution française (1789), la Belgique passe à l'Autriche (1793) avant de passer à la France (1794). C'est une période de famine durant laquelle le peuple gronde et où la justice est rendue de manière sommaire.

C'est dans ce contexte que des bandes de brigands sévissent dans la région. L'une d'elle fait particulièrement parler d'elle : les Chauffeurs du Nord. On dit qu'ils ont pour habitude de brûler les pieds de leurs victimes afin de leur faire avouer où ils cachent leurs richesses. La rumeur voudrait qu'un certain Antoine-Joseph Moneuse soit à leur tête.
carte dioc+¿se cambrai.jpg
2 Joseph-Antoine Moneuse
Mais qui est vraiment Antoine-Joseph Moneuse ? Fils de Meunier, né à Marly en 1768 et élevé à Saint-Vaast, il arrive dans la région en janvier 1794 où il s'installe comme marchand de grain et de bestiaux. Ses affaires marchent bien, ce qui ne manque pas de provoquer la jalousie dans ce contexte de misère ambiante.

D'une nature joueuse et extravertie, on le dit également coureur de jupons. Une chose est sûre, le personnage ne manque pas d'éveiller la curiosité. Alors que les actes de brigandage se multiplient, cette curiosité va très vite se transformer en suspicion. Lorsque c'est la peur qui guide les hommes, les rumeurs vont bon train. Et si Moneuse était ce fameux brigand surnommé "Mendeck" ? Et s'il était le capitaine des Chauffeurs du Nord ?

Depuis son arrivée en 1794, son nom est systématiquement cité dans les affaires criminelles qui frappent la région, sans qu'aucune preuve sérieuse ne puisse être apportée. Parmi affaires les plus marquantes, citons l'attaque du marchand Léon Lagroux entre Audregnies et Élouges, le massacre de la Houlette à Roisin (il fut jugé non coupable), le sac de la ferme Populaire à Wasmes, ou encore l'attaque du receveur de Belle-Vue à Dour ou celle du moulin de Rombies, ...
moneuse portrait - Claude Renard.jpg
3 Dénonciation
La justice est dépassée. Incapable d'endiguer l'épidémie de crimes qui frappent la région, ils s'en remettent alors à la rumeur publique. En 1795 déjà, le juge Harmegnies avait tout fait pour inculper Moneuse pour le Massacre de la Houlette à Roisin. En vain. Suite au manque de preuves et à une enquête bâclée, il avait été contraint de le reconnaître non coupable.

Depuis, 2 mandats d'amener visent Moneuse. C'est alors qu'en février 1797, une mystérieuse dénonciation anonyme met les gendarmes sur sa piste. Certains affirment que la dénonciation proviendrait de Madeleine Colin, la veuve de Guillaume Gérin, frère de Nicolas et de Félix Gérin, tous deux prétendument complices de Moneuse. Celle-ci n'aurait pas supporté l'idée que Moneuse ait une relation avec sa fille. Voici sa déposition :

"Il se retirait, dans la commune de Quévy-le-Petit, des brigands qui ont porté depuis longtemps la terreur dans le pays et qui, malgré l'activité des officiers, sous-officiers et gendarmes qui ont fait de fréquentes patrouilles infructueuses dans les différentes communes du canton, n'avaient jamais pu être capturés."
4 Les origines de la fête à Béria
C'est ici, dans la cour située à proximité que, chaque premier lundi de septembre, est dressé un bucher lors de la traditionnelle "fête à Béria". N'hésitez pas à lire le panneau didactique.

Alain Michel, de l'ASBL "Petit Kévy", participe activement à cet événement depuis ses 16 ans. Il est d'ailleurs à l'origine du parcours de cette balade.

Dans l'extrait audio disponible, il vous explique les origines de la fête et de la légende. Vous verrez ... Moneuse n'est pas loin.
feu1.jpg cour b+®ria grand.jpg beria bucher grand.JPG
5 La cavalerie arrive
Le juge Carbonaro se rend personnellement à la caserne de la maréchaussée à Mons. Immédiatement, un détachement de gendarmerie mené par le lieutenant Martin se met en route en direction de Quévy-le-Petit.

Leur mission est de localiser et d'appréhender Moneuse et ses éventuels acolytes. Ils savent qu'ils n'ont pas le droit à l'erreur. Sur place, ils interrogent alors plusieurs personnes, sans jamais nommer Moneuse pour ne pas alerter celui-ci. D'après les informations collectées, ils pensent savoir que leur homme se trouve au bistrot tenu par Joseph Allard.
gendarmes appli mons.jpg
6 L'arrestation
Le 11 février 1797, le lieutenant Martin et ses hommes arrivent à proximité du bistrot Allard qu'ils encerclent afin d'observer les allées et venues. Quelques heures plus tard, l'ordre est donné de pénétrer à l'intérieur.

La porte d'entrée s'ouvre. Le lieutenant Martin entre le premier. Moneuse est bel et bien attablé à une table, en train de jouer aux cartes avec son lieutenant, Nicolas-Joseph Gérin de Ciply, Alexandre Buisseret de Frameries et Allard, le tenancier. À la surprise des gendarmes, Moneuse et ses hommes n'opposent pas de résistance lorsqu'ils les arrêtent. Ils savaient que ce jour arriverait. Peut-être, secrètement, l'espéraient-ils ...
0.jpg
7 L'air de Béria
Tout bon folklore a sa chanson et Béria ne fait pas exception. Dans le commentaire audio disponible, Alain Michel vous parle de l'air de Béria avant de laisser la place à la musique.
note musique.jpg
8 D'autres arrestations
Moneuse, Nicolas-Joseph Gérin, Alexandre Buisseret et Allard sont écroués à la prison d'Asquillies. Très vite, 2 arrestations suivront. Félix Gérain, le frère de Nicolas, et François Ciriez, soupçonnés de complicité, viennent les rejoindre sous les verrous.

Le lendemain de l'arrestation, le juge de paix Carbonaro interroge Moneuse. Celui-ci nie. Le juge fait alors transférer les prévenus à la maison d'arrêt de Mons afin que l'instruction commence.
9 Le peuple respire
La nouvelle de l'arrestation de Moneuse se répand vite dans la région où elle est accueillie avec un grand soulagement. Naïvement peut-être, le peuple pense que cela annonce la fin de l'insécurité, de la famine et de la misère. En Mars 1797, des feux de joie illuminent le ciel.
1.jpg
10 La retraite aux flambeaux
En complément du panneau didactique consacré à la retraite aux flambeaux, découvrez quelques photos de ce moment magique de la fête à Béria durant lequel la foule se dirige vers le bûcher, un flambeau à la main.
flambeaux 1.JPG flambeaux 2.JPG
11 L'instruction
L'instruction durera près d'un an. Carbonaro fait procéder à des perquisitions. Celles-ci seront infructueuses. Alors il fait appel à tous les juges de paix environnants afin de lui fournir des informations. Il ne reçoit pas grand chose en retour. L'instruction piétine.

5 mois plus tard, le directeur du jury d'accusation, Monsieur Perlau, fait enfin comparaître Moneuse. Celui-ci n'a toujours pas eu le droit de contacter un avocat. Moneuse nie à nouveau et demande à faire citer un témoin : Caroline Dubuisson, victime dans l'attaque de la ferme Populaire à Wasmes par une bande de brigands le 3 décembre 1795.

Cela n'aura jamais lieu. Pire, l'affaire Populaire sera retirée des chefs d'accusation. Pourquoi ? Au final, les prévenus ne sont donc confrontés à aucun témoin, juste à l'accusation publique.

L'acte d'accusation est composé de 19 chefs. Il s'agit de méfaits comprenant des vols anodins et 4 affaires plus graves dont l'attaque du receveur de Belle-Vue à Dour.
12 Un choix crucial
L'acte d'accusation étant rédigé, le jugement va pouvoir commencer. Les accusés ont le choix d'être jugé devant le tribunal criminel de Jemappes ou devant celui de Douai. Pour Moneuse, le choix est évident. Il faut absolument quitter la région de Mons, son climat particulier et la hargne de ses juges envers lui. Les 4 hommes choisissent donc Douai, en toute logique.

Cependant, contre toute attente, Allard se ravise. Il choisit de rester à Mons. Le juge Perlau organise alors un tirage au sort pour départager les votes. C'est Allard qui tire ... et gagne. Le nom de Jemappes résonne dans la tête de Moneuse comme une peine de mort anticipée.
clocher appli mons.jpg
13 Le procès de Mons
C'est donc à Mons que le procès de Moneuse et de ses prétendus complices commence. Le peuple est venu de loin pour voir le célèbre brigand. La place de Mons est noire d'une foule hurlante et vindicative.

Les différents témoins n'apporteront pas grande information. Ils doutent, ne reconnaissent pas formellement Moneuse. C'est alors que le tribunal fait une manœuvre troublante. Il décide de faire lecture de la déposition d'Auguste Clicq, un domestique qui a assisté à l'attaque du notaire Lehon à Pommeroeul. Seul problème, Clicq est décédé et sa déposition n'a donc plus de valeur légale.

Quelques jours plus tard, le jugement est rendu. Ciriez est Allard sont acquittés. Moneuse y voit un signe de trahison. Après tout, c'est Allard qui a décidé du lieu du jugement. Serait-ce là sa récompense ?

Buisseret est condamné à 14 ans de prison, 6 ans pour Félix Gérin. Moneuse et Nicolas Gérin sont condamnés à mort.

La variation dans l'importance des peines (de l’acquittement à la mort) est étonnante pour des hommes censés appartenir à une même bande. Rappelons qu'aucun meurtre ne leur est reproché. Il faut montrer l'exemple. Dehors, la foule applaudit.
procès.jpg
14 Le jugement de Béria
Tout comme Moneuse, Béria est jugé chaque année lors de la fête. Alain Michel vous explique ce qu'on lui reproche lors de ce rituel dans le commentaire audio disponible.
3.jpg
15 Cassation
En ultime recours, Moneuse se pourvoit en cassation. Il compte bien s'appuyer sur la déposition du défunt Clicq. Une fois rédigée, la requête est envoyée à Paris. Il ne reste plus qu'à espérer. 2 mois plus tard, le jugement est cassé. Moneuse pourra finalement être jugé à Douai comme il le souhaitait.

Le 8 février 1798, les 4 hommes sont alors transférés. Lors du transport, Félix Gérain et Buisseret disparaissent mystérieusement. Moneuse et Nicolas Gérin devront affronter la justice seuls.
cassation.jpg
16 Quand Moneuse s'invite à la fête à Béria
Lors de la fête à Béria, il arrive que Moneuse reprenne vie sous la forme d'un personnage. Dans le commentaire audio disponible, Alain Michel évoque un épisode de l'édition 2007 qui se déroula ici, au château du Petit Cambrai. Un panneau didactique est également disponible si vous voulez en apprendre plus sur ce lieu.
moneuse au ch+óteau.JPG
17 Le procès de Douai
4 mois après leur départ de Mons, après une instruction rapidement bouclée, le procès de Douai commence. De nombreux témoins (souvent à décharge) sont mis de côté. Les 2 accusés demandent alors la remise du débat vu l'absence de témoins. Le tribunal ignore leur demande.

Très vite, Moneuse et Gérin se rendent à l'évidence. Ils sont en train de revivre le procès de Mons.

Lorsque le verdict tombe le 8 juin 1798, c'est sans surprise que Moneuse et Gérin se voient condamner à mort une seconde fois.
douai.jpg
18 Nouvelle cassation
Le verdict est tombé. Désespéré, Moneuse tente le tout pour le tout. Il adresse à nouveau un recours en appel. Il y dénonce le remplacement arbitraire d'un juré, l'âge d'un juge et surtout l'impossibilité de faire témoigner les témoins à décharge.

Pourtant, Moneuse le sait : l'espoir est mince.
cassation 2.jpg
19 Le couperet
Le matin du 18 juin 1798, soit 10 jours après son jugement, Moneuse et Gérin sont emmenés à l'échafaud. Ce délai est extrêmement cours, compte tenu du fait qu'il y a pourvoi en cassation. Pour la justice, il faut en finir.

La foule est venue en masse sur la place du Marché de Douai pour assister au chapitre final de ce personnage qui avait déchainé les passions. Les deux hommes furent placés sur la guillotine, vêtus d'une chemise rouge réservée aux assassins et aux empoisonneurs. On dit qu'ils ne prononcèrent pas un un seul mot.

À quatre heures treize, le couperet tomba.
le couperet.jpg
20 Ironie
Le 16 août 1798, Le Palais de Justice de Paris rend son verdict quant au pourvoi en cassation introduit par Moneuse. Mais la justice n'a pas attendu leur décision. De sa tombe, Moneuse doit trouver sourire de l'ironie de la situation.

Voici la transcription du rejet de la cassation.

« En l’audience de la section criminelle de cassation, tenue au Palais de Justice de Paris, le 29 thermidor an VI de la République française, une et indivisible
» Sur requête présentée par Nicolas Gérin et Antoine-joseph Moneuse en cassation du jugement rendu par le tribunal criminel du département du Nord, le 20 prairial an VI
» Ouï le rapport du citoyen Chupiet, commis par ordonnance du 25 messidor, et Halvin, substitut du commissaire du pouvoir exécutif en ses réquisitions ;
» Considérant sur les différents moyens attaqués par les dits Moneuse et Gérin ;
» 1° Que le juré qui a remplacé le jour de la séance des débats celui qui s’est trouvé absent, a été tiré au sort conformément à la loi, et que les accusés n’ont aucunement réclamé contre le remplacement ;
» 2° Que les juges n’ont commis aucune contravention à l’article 357 du code des délits et des peines parce que les accusés ont eu tout le temps et n’ont point été empêchés de faire entendre à décharge tous les témoins qu’ils prétendaient faire entendre ;
» 3° Que les militaires n’ont le droit de se faire juger par les conseils ou commissions militaires que pour les délits militaires et par eux commis à raison de leur service militaire ;
» 4° Que rien ne conste qu’un des juges n’avait l’âge requis par la loi ;
» 5° Que le nommé Applaincourt, beau-frère de Moneuse, l’un des accusés, n’a réellement point été entendu comme témoin dans les débats ainsi qu’il conste par le procès-verbal même des séances et que l’article 358 ne prohibe point l’audition de l’oncle d’un prévenu, d’où il n’y a aucune contradiction au dit article ;
» 6° Qu’enfin considérant que les autres moyens ne tombent que sur le fond et non sur la forme et les règles de la procédure, que d’autre part l’acte d’accusation a été dressé d’après le vœu de la loi, que la procédure est régulière et la peine justement appliquée ;
» Ie Tribunal rejette le pourvoi des dits Moneuse et Gérin. »
ironue.jpg
21 Les épouvantails
Comme vous pouvez le lire sur le panneau didactique à proximité, dès le 15 août, d'étranges épouvantails apparaissent dans tout le village de Quévy-le-Petit. Découvrez pourquoi à travers le commentaire audio d'Alain Michel.
+®pouvantails.jpg
22 Moneuse n'est pas mort
Moneuse reste très ancré dans la culture populaire comme en témoigne la fête à Béria. Des livres ont été écrits (dont "Antoine-Joseph Moneuse. Aventures de paille & d'ortie" d'Yves Vasseur et Claude Renard qui nous a servi de référence pour ces balades), une pièce de théâtre a été créée (écrite par Roland Thibeau de la Roulotte Théâtrale), des expositions et autres spectacles ont vu le jour (le Grand Ouest Mons 2015 des communes de Quiévrain et Honnelles lui est consacré). L'expression "franc comme Moneuse" est d'ailleurs toujours utilisée pour parler d'un enfant turbulent.

Si le personnage fascine, on sait pourtant peu de choses sur lui, mis à part les actes juridiques. Mais au vu des nombreux manquements de cette justice, on peut en toute honnêteté se poser la question : était-il vraiment ce brigand, chef des Chauffeurs du Nord ? Il est peu probable que Moneuse soit totalement innocent de tout ce qu'on l'accuse. Est-il coupable de tout pour autant ? Le mystère reste entier et nous nous abstiendrons de trancher.
38 mètres de dénivelé
  • Altitude de départ : 104 m
  • Altitude d'arrivée : 104 m
  • Altitude maximum : 109 m
  • Altitude minimum : 90 m
  • Dénivelé total positif : 38 m
  • Dénivelé total négatif : -38 m
  • Dénivelé positif maximum : 13 m
  • Dénivelé négatif maximum : -9 m