J'ai rencontré Saint-Georges !
Olivier, depuis quand endossez-vous le rôle de Saint-Georges ?
Cela fait déjà 5 ans ! J'ai pris la suite de mon cousin Frédéric qui l'avait fait lui pendant 10 ans. J'ai été Diable pendant 17 ans, quand on m'a demandé si je voulais bien prendre le rôle de Saint-Georges, j'ai accepté tout de suite. C'était un rêve d'enfant qui se réalisait. Le Doudou, je vis avec depuis que je suis tout petit. Mon grand-père Aramis a été Saint-Georges pendant presque 30 ans, puis mon oncle, puis mon cousin et enfin moi... J'ai grandi au rythme du Doudou. Beaucoup de mes plus beaux souvenirs d'enfant sont liés à l'événement. Je revois encore mon grand-père sur son cheval au milieu de l'arène, quelle fierté. Je repense à toutes les conversations entretenues au sujet du combat. C'est une semaine que toute la famille attend avec impatience chaque année.
Saint-Georges, c'est donc une histoire de famille ?
Oui, le rôle de Saint-Georges est dans la famille Tournay depuis 60 ans, il se transmet de génération en génération. Mon grand-père était jockey. C'est avant tout pour cela qu'on lui a confié le rôle, il fallait trouver un bon cavalier. Il a transmis le rôle à son fils qui lui-même a transmis le rôle au sien. Lorsque mon cousin a démissionné, c'est tout naturellement que j'ai repris le flambeau. Aujourd'hui, je me réjouis de voir mon fils Victor jouer le rôle de Saint-Georges dans le Petit Lumeçon. J'en suis très fier.
C'est vrai. Et pourtant, sans mon cheval, je ne suis rien ! Quand j'ai repris le rôle, je me suis mis à la recherche du cheval idéal pour m'accompagner dans cette mission. Il fallait un frison, un étalon de préférence pour la prestance, qui a du sang en étant parfaitement bien dans sa tête. Après plusieurs essais, j'ai eu le coup de coeur pour Rio. Dès que je l'ai monté, une complicité s'est installée. Et voilà 5 ans que nous menons ensemble le combat contre le Dragon.
Le combat demande t-il beaucoup de préparation ?
Oh que oui ! Tous les jours ou presque je m'entraîne. A partir de fin janvier, je répète avec Rio. Je le dresse, je lui remonte le dragon, les rubans. Je l'apprivoise. C'est un travail de longue haleine. On ne place pas un cheval au milieu de la foule en délire comme ça. Il faut être bien préparé. Mais c'est passionnant. Fin janvier, quand mon cheval voit que je ressors un dragon, il se redresse. On a l'impression qu'il se dit : ça y est, c'est reparti, à moi le combat ! Avec les années, je le vois jouer avec les caméras, il pose. Il était fait pour être acteur !
Et puis, il y a tous les préparatifs liés aux tenues. Mon épouse m'aide beaucoup, elle confectionne quelques pièces pour ma tenue et celle du cheval. Sans compter celle de mon fils ! Car Victor fait le Petit Lumeçon !
Avec le groupe, nous avons quelques répétitions avant le Doudou. Chaque année, le scénario évolue, nous essayons toujours d'améliorer le spectacle. Le jour du combat, je me lève à 4h du matin pour préparer ma monture et faire quelques exercices.
Quel est le rôle de Saint-Georges ?
Hormis le personnage qui incarne toute une histoire, Saint-Georges est là pour donner du bonheur aux gens. Il combat le Dragon mais avant tout il communie avec le public, et ce tout au long de la Ducasse, pas uniquement pendant le combat. Saint-Georges fédère tous les Montois, il rassemble la population. Dans la vie, j'aime faire plaisir aux gens. Quand je porte le costume de Saint-Georges et que je vais au contact du public, je vois les yeux des enfants et des parents briller. Et ça, ça n'a pas de prix.
Quels sont les moments que vous appréciez le plus dans le Doudou ?
Il y en a beaucoup. J'aime la remontée du Car d'Or. Juste avant que le char arrive, je chauffe le public. C'est un beau moment de communion. J'adore aussi l'instant où l'on arrive rue de la Poterie et que l'on voit la foule, ça me procure toujours beaucoup d'émotions. Et bien sûr, quand je suis au centre du Lumeçon, c'est tout simplement grandiose.
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