Autrefois mal-aimé des Montois, le quartier du Béguinage a connu ces dernières années une importante rénovation. Ayant traversé les siècles sans trop de dégâts, il abrite quelques monuments montois insolites.


À commencer par cette étrange colonne astronomique et météorologique qui se dresse sur la Place Louise. Érigée à la mémoire de Jean-Charles Houzeau de Lehaie, elle rend hommage à cetastronome de renom qui dirigea l’Observatoire Royal de Belgique de 1876 à 1883. Loin d’être uniquement dans les étoiles, Jean-Charles Houzeau avait également des préoccupations bien terre à terre puisqu’il fut aussi un journaliste engagé contre l’esclavagisme aux États-Unis en pleine Guerre de sécession. Un personnage aussi atypique que son monument donc.
En rejoignant la Place du Béguinage, impossible de passer à côté de la Loge maçonnique de Mons et de sa façade rouge. Construit en 1890, le Temple de la Parfaite Union affiche ses symboles maçonniques (scarabée, équerre, compas…) et quelques beaux vitraux. L’occasion de rappeler que Mons fut la première ville belge à accueillir une loge maçonnique dès 1721.




Sur la Place du Béguinage, il est difficile de deviner la présence de l’ancien béguinage fondé en 1248 par Marguerite de Constantinople, mais en contournant par la droite l’imposante façade du Grand Hospice de Cantimpret, qui date de 1831, apparaît entre les grilles du jardin une petite chapelle de style gothique construite au 16ème siècle, seul vestige du Béguinage original.
En poursuivant vers la Place Nervienne, à droite dans la rue de Malplaquet, se trouve un des témoins de la vie des quartiers populaires de Mons : les Bains-Douches. Petit bijou d’art nouveau avec ses sgraffites évoquant l’eau et la nature et ses ferronneries en mouvement, les bains douches montois ont accueilli la population qui n’avait pas les moyens de s’offrir une salle de bain moderne de 1909 à la fin des années 50. Longtemps laissés à l’abandon, ils doivent leur sauvetage et leur reconversion en salle culturelle dans les années 90 à une classe de 6ème de l’Institut des Ursulines qui participait à un concours sur les monuments en péril.
De retour sur la Place Nervienne, deux corps de bâtiments en brique rouge jouent à cache-cache derrière une imposante haie et un grillage. Sur le pignon de l’un d’eux figure une étrange inscription « Ménages ». Il s’agit en fait du premier hospice pour « vieux ménages ». En effet, jusqu’au début du 20ème siècle, l’entrée à l’hospice signifiait séparation pour les couples de personnes âgées. Les choses changeront dès 1902 avec la construction de cet hospice permise par à l’immense générosité d’Henri Glépin.
Ingénieur et professeur à l’Ecole des Mines de Mons, Henri Glépin est victime d’un accident lors d’une démonstration à ses élèves. Sentant sa fin proche, il rédige son testament par lequel il lègue la somme d’un million et demi de francs or à la ville de Mons.Une véritable fortune, pour l’époque, qui permettra la construction de cet hospice ainsi que du premier Musée des Beaux-Arts montois, ancêtre de l’actuel BAM. Quand on vous dit que Mons est une ville de personnages atypiques.
Si les grilles sont ouvertes,il possible d’entrer pour admirer de plus près les bâtiments ainsi que, sur la gauche de ceux-ci, un monument commémoratif sur lequel un couple de personnes âgées se tient la main en regardant le portrait de leur bienfaiteur.
 
Derrière l’hospice, juste après la maison de repos actuelle, se niche un petit espace vert, à l’arrière de la Bonne Maison de Bouzanton.En 1562, Louise de Bouzanton rachète cet hôtel particulier pour en faire un hospice pour orphelins. Deux fois veuve et sans enfant, cette noble dame se prend d’affection pour les petits malheureux et s’en occupe si bien que l’hospice gagne rapidement en importance. Il bénéficiera de dons généreux dont on peut encore voir la trace sur la façade et dans les noms des rues environnantes et accueillera jusqu’à 250 enfants au plus fort de son activité.
En fermant les yeux un instant, peut-être pourrez-vous encore entendre le rire malicieux dela Trouille ? Son lit passait autrefois dans l’actuelle Rue Lamir et courait jusqu’à la rue Masquelier pour sortir de la Ville après avoir traversé ce quartier des laissés pour compte. Suivez-la donc, elle vous conduira jusqu’à la Place Simonet où vous pourrez étancher votre soif à la terrasse d’un café tout en profitant de l’ambiance tranquille de ce petit quartier populaire.

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