Rencontre avec l'homme blanc
03 décembre 2014
Ils sont 11 et portent le dragon à bout de bras le dragon lors de son combat avec Saint-Georges. Vêtus de blanc, de la tête aux pieds, ils accessoirisent leur tenue avec une large ceinture noire. Ils, ce sont les Hommes Blancs, fidèles alliés du Dragon. Et j'ai eu la chance de rencontrer l'un d'eux.
Tu es acteur du combat. En quoi consiste ton rôle d'Homme Blanc ?
Les Hommes Blancs sont les porteurs du dragon. En réalité, c'est un rôle assez effacé, puisque nous n'existons qu'à travers le dragon. Nous sommes ses "pattes", comme certains se plaisent à nous le rappeler... Le rôle pourrait paraître un peu frustrant. Pendant le combat, nous n'avons jamais de contact direct avec le public. Mais en réalité, c'est au travers du dragon que nous communions avec lui ! Sans nous, le dragon serait immobile ;-)
Comment et pourquoi es-tu devenu Homme Blanc ?
Au départ, on ne choisit pas un rôle. À 18 ans, quand j'ai posé ma candidature, je souhaitais être « acteur, » peu importe le rôle. Il faut dire que je me suis inscrit sans grand espoir, puisque je ne connaissais pratiquement personne dans le groupe. Mais je me suis dit : "Si ça ne passe pas, au moins, tu ne regretteras pas de ne pas l'avoir tenté !"Un peu la méthode Mr Dus : "Oublie que t'as aucune chance, vas-y, fonce !" ;-)
Puis, petit à petit, j'ai fait la connaissance avec l'un, puis avec l'autre ; et je me suis dit que j'avais une petite chance d'y arriver.
J'ai une première fois été présenté sur la liste des Diables, mais je n'ai pas été élu. Comme l'a dit un Chin-Chin à l'époque : "S'il était devenu Diable, j'aurais exigé qu'on mette un tracteur sous ma carcasse de Chin-Chin pour pouvoir le tirer dans le sable !". Il est vrai que ce rôle ne correspondait pas vraiment à mon physique...
En 2005, j'ai été désigné comme seconde réserve du groupe des Hommes Blancs. C'est en 2009 que j'ai fait mon premier combat.
Et le rôle me convient parfaitement. Pour bouger l'biète3 unir nos forces pour y parvenir ; et c'est quelque chose qui me tient particulièrement à coeur !
Puis, petit à petit, j'ai fait la connaissance avec l'un, puis avec l'autre ; et je me suis dit que j'avais une petite chance d'y arriver.
J'ai une première fois été présenté sur la liste des Diables, mais je n'ai pas été élu. Comme l'a dit un Chin-Chin à l'époque : "S'il était devenu Diable, j'aurais exigé qu'on mette un tracteur sous ma carcasse de Chin-Chin pour pouvoir le tirer dans le sable !". Il est vrai que ce rôle ne correspondait pas vraiment à mon physique...
En 2005, j'ai été désigné comme seconde réserve du groupe des Hommes Blancs. C'est en 2009 que j'ai fait mon premier combat.
Et le rôle me convient parfaitement. Pour bouger l'biète3 unir nos forces pour y parvenir ; et c'est quelque chose qui me tient particulièrement à coeur !
Comment peut-on devenir acteur du combat ?
Il faut avoir minimum 18 ans et habiter (être domicilié) à Mons (dans le Grand Mons) depuis minimum 15 ans sans interruption. On peut alors aller retirer au Service des Fêtes le document de parrainage. On doit trouver un parrain parmi les Acteurs du Lumeçon, et trois parrains parmi quatre groupes : les Pompiers, les Policiers, le Comité de la Procession, ou le Conseil Communal. Après vérification des conditions et passage par le Collège des Échevins, on devient alors Candidat au Lumeçon. Mais rien n'est encore fait ! On devient réserve.
Lorsqu'un acteur effectif quitte son rôle (la plupart du temps parce qu'il est atteint par la limite d'âge), on désigne son remplaçant.
Lorsqu'un acteur effectif quitte son rôle (la plupart du temps parce qu'il est atteint par la limite d'âge), on désigne son remplaçant.
Comment se déroulent les préparatifs du combat pendant l'année ?
Toute l'année, nous organisons diverses activités pour que le groupe reste soudé. Certaines visent particulièrement les enfants des « acteurs », d'autres leurs familles, d'autres encore exclusivement les « acteurs ». Le Bal des Acteurs marque un temps fort, il nous réunit tous, puisque nous l'organisons nous-mêmes de A à Z. Il y a également les Assemblées Générales qui nous rassemblent 3 ou 4 fois par an. Et puis il y a tous les moments où on se croise simplement à Mons (autour d'une bonne pinte), où on s'invite, etc.
Ils font tous aujourd'hui partie de ma famille. Des liens d'amitié se sont tissés avec certains. Plusieurs « acteurs » sont parrains des enfants d'autres « acteurs » (c'est d'ailleurs mon cas !).
Grosso modo, hors juillet et août, il ne se passe jamais une semaine sans que je passe un moment avec quelqu'un de la bande ; et il y a des activités "officielles" chaque mois !
À l'approche du Doudou, nous avons plusieurs réunions préparatoires, groupe par groupe, où nous passons en revue les différentes phases du jeu. Et, une grosse semaine après, nous organisons un débriefing. Nous passons en revue le déroulement des journées et pointons ce qui pourrait être amélioré.
Ils font tous aujourd'hui partie de ma famille. Des liens d'amitié se sont tissés avec certains. Plusieurs « acteurs » sont parrains des enfants d'autres « acteurs » (c'est d'ailleurs mon cas !).
Grosso modo, hors juillet et août, il ne se passe jamais une semaine sans que je passe un moment avec quelqu'un de la bande ; et il y a des activités "officielles" chaque mois !
À l'approche du Doudou, nous avons plusieurs réunions préparatoires, groupe par groupe, où nous passons en revue les différentes phases du jeu. Et, une grosse semaine après, nous organisons un débriefing. Nous passons en revue le déroulement des journées et pointons ce qui pourrait être amélioré.
Quel est ton moment préféré de la Ducasse ?
Il y a énormément de moments clefs dans une Ducasse ; mais je crois que le moment qui me touche le plus est le moment où le dragon s'arrête dans le haut de la rue des Clercs, quand Saint-Georges va saluer le public et entame la Descente. On attend le coup de feu des pompiers qui donne vie aux personnages du Lumeçon, et tous les acteurs se souhaitent un bon combat. C'est vraiment un moment très émouvant. On a les tripes nouées. On est conscient de ce que l'on a à accomplir et on sait pertinemment qu'on va "déguster".
Personnellement, à ce moment-là, je suis complètement fermé dans ma bulle. J'ai d'ailleurs beaucoup de difficultés à esquisser un sourire... Et, pourtant, c'est un des moments les plus forts de la Ducasse !
Personnellement, à ce moment-là, je suis complètement fermé dans ma bulle. J'ai d'ailleurs beaucoup de difficultés à esquisser un sourire... Et, pourtant, c'est un des moments les plus forts de la Ducasse !
Une anecdote de « combat » ?
Il a quelques années, j'étais pendant le combat à l'intérieur du dragon. On m'informe alors (un Homme Blanc est chargé de dire à celui qui est dans le dragon la phase de jeu qui va avoir lieu ; parce qu’il est impossible de voir quoi que ce soit quand on est dedans !) qu'on va faire un renversement de Chin-chins. Mon rôle à ce moment-là est de soutenir le corps du dragon, et de servir de pivot autour duquel le dragon tourne. Je sens alors que le dragon se lance, la queue s'abaisse, prend de la vitesse, puis je ressens un choc, j'entends un bruit sourd, le dragon vibre de toutes parts et l'osier craque. C'est clair, on a touché quelqu'un ou quelque chose ! À la vitesse à laquelle va l'extrémité de la queue à ce moment-là, ça a dû faire des dégâts. Court moment de stupéfaction, puis j'entends Bertrand, un autre Homme Blanc dire : "Pas grave, c'est un Policier !". C'est vrai que si c'est un Policier ce n'est pas grave;-)!. La réflexion m'a fait sourire car Bertrand, est lui-même Policier ! Après le combat, il expliquera aux autres qu'il a voulu dire : « Pas grave, c'est un Policier, et c'est son casque qu'on a touché ! ». Reste néanmoins que le gars a été bien sonné, et que son casque a tout bonnement été brisé en 2 morceaux !
Quel conseil donnerais-tu à un visiteur qui n'a jamais fait la Ducasse et souhaite la vivre ?
Je crois que le meilleur conseil que je puisse donner est d'être chambourlette! Si on est invité, accompagné d'un Montois, celui-ci peut guider dans ce qu'il y a à voir (même s'il faut faire des choix, parce qu'il est impossible de tout voir en une année !), et donner des explications.
Personnellement, j'ai toujours été fan du folklore en général ; mais je n'ai réellement vibré pour d'autres folklores qu'à partir du moment où j'ai vécu l'évènement avec quelqu'un. Je n'ai par exemple vraiment ressenti ce qu'est le Carnaval de Binche qu'en accompagnant un gille, ou la Ducasse d'Ath qu'en la vivant avec des Athois. Je suis convaincu que c'est la seule bonne manière de pouvoir ressentir les choses (qui sont essentiellement de l'ordre de l'émotion), plutôt que d'y assister en simple rwétant, sans explications complémentaires.
Personnellement, j'ai toujours été fan du folklore en général ; mais je n'ai réellement vibré pour d'autres folklores qu'à partir du moment où j'ai vécu l'évènement avec quelqu'un. Je n'ai par exemple vraiment ressenti ce qu'est le Carnaval de Binche qu'en accompagnant un gille, ou la Ducasse d'Ath qu'en la vivant avec des Athois. Je suis convaincu que c'est la seule bonne manière de pouvoir ressentir les choses (qui sont essentiellement de l'ordre de l'émotion), plutôt que d'y assister en simple rwétant, sans explications complémentaires.
Commentaires