Tentative de meurtre

Le 25 octobre 1873, Verlaine est transféré dans la prison de Mons. Il a déjà passé l'été emprisonné aux Petits Carmes de Bruxelles et doit finir de purger sa peine dans la capitale du Hainaut. Après une énième dispute, le poète a tiré sur le jeune Rimbaud, avec qui il entretient une relation tumultueuse. Rimbaud n'est que légèrement blessé mais la justice, lasse de toutes les frasques données par le couple, ne fait pas de cadeau au poète.

Ecorché vif

A quoi peut bien penser Verlaine lorsqu'il arrive à Mons ? Comment vit-il son incarcération ? Et ses co-détenus, savent-ils qu'ils partagent le quotidien d'un des plus grands poètes de tous les temps ? Ce qui me frappe chez Verlaine, c'est cette poignante mélancolie avec laquelle il décrit tous les événements qu'il traverse. Je me souviens encore des premiers vers de Chanson d'automne : « Les sanglots longs, des violons de l'automne, blessent mon coeur d'une longueur monotone ». Lorsque lycéenne, j'ai appris cette poésie, je ne mesurais pas à quel point la vie pouvait influencer les écrits d'un artiste ou d'un poète comme Verlaine. Et pourtant... Lorsqu'il écrit ses Poèmes Saturniens dans lesquels on retrouve la Chanson d'automne, Verlaine n'a que 22 ans. Il ne connait ni Mathilde, son épouse, ni Rimbaud. Et pourtant il est déjà bien écorché par la vie.

Un tournant

Y a t-il eu un « avant » et un « après » Mons ? La réponse paraît évidente. On ne sort pas indemne d'un séjour en prison. Pour Verlaine, l'épisode montois va marquer un véritable tournant dans son oeuvre. Les critiques littéraires sont unanimes sur le sujet. Dans sa cellule 252, le poète va méditer et écrire. On l'autorise à ne pas travailler et on lui fournit le matériel nécessaire à l'écriture. Il chasse ses démons en se tournant vers Dieu. Jésus devient un maître à suivre. Il se convertit, essaie de renouer avec sa famille et pose sur papier de magnifiques poèmes que l'on retrouve disséminés principalement dans trois recueils : « Sagesse », « Jadis et naguère » et « Parallèlement ». 

Le meilleur des châteaux

Lorsqu'il quitte la prison de Mons le 16 janvier 1875, Verlaine est profondément seul. Mathilde ne lui a pas pardonné ses frasques. Pourtant, le poète ne garde pas un mauvais souvenir de Mons : « J'ai naguère habité le meilleur des châteaux. Dans le plus fin pays d'eau vive et de coteaux. Quatre tours s'élevaient sur le front d'autant d'ailes. Et j'ai longtemps habité l'une d'elles... » Il ne reviendra ici que beaucoup plus tard pour donner un cycle de conférences. Rattrapé par ses démons, le poète a du mal à aligner des paroles claires. Malgré la gloire, il est sans le sou. Rongé par l'alcool, il est régulièrement hospitalisé. Il meurt usé en 1896, d'une congestion pulmonaire. Il n'a que 51 ans. 

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