Les lecteurs et amoureux du Journal de Tintin se souviennent de Corentin Feldoë, adolescent courageux et serviable que rien n'arrête. Le téméraire blondinet à la longue chevelure est l'oeuvre du dessinateur Paul Cuvelier, grand ami d'Hergé. Et bien sachez que l'homme est né à Lens en 1923 et que sa ville de naissance ne l'a pas oublié.
Dans le hall de la maison communale de Lens, une grande fresque murale figure la couverture des Extraordinaires Aventures de Corentin, premier album destiné à l'adolescent imaginé par Paul Cuvelier, grand dessinateur de bandes dessinées. Lens est fier de son artiste et elle peut l'être. Réalisée par des artistes lensois, la fresque témoigne de l'immense talent du dessinateur.
Rencontre avec Hergé
Paul Cuvelier passe son enfance dans la commune. Il dessine les paysages qui l'entourent, imagine des histoires qu'il lit à ses petits frères et rêve secrètement d'une vie d'artiste. Portes, murs, armoires... n'importe quel support ou bout de papier lui sert à satisfaire sa fougue et se canaliser. Lorsqu'il présente pour la première fois ses dessins à Hergé, il n'a que 19 ans. Et pourtant, le grand maître de la bande dessinée est subjugué par ce qu'il voit. Voici ce qu'il avait déclaré au sujet du jeune Lensois : « Je me souviens de la première visite de Paul en 1945. Il venait me demander des conseils... J'ai regardé attentivement ses carnets de croquis et j'ai été ébloui ! Il y avait là des esquisses de "jeeps", de soldats américains ; il y avait aussi d'excellents croquis de chevaux. Mais le plus impressionnant était un carnet contenant de très belles aquarelles, en pleine page, qui illustraient les points forts d'une histoire qu'il racontait à ses jeunes frères et dont le héros s'appelait Corentin »
Les aventures de Corentin
Hergé demande au jeune Paul de rejoindre son équipe et de réaliser une bande dessinée pour le Journal de Tintin. Corentin quitte le foyer familial, il prend son envol et rejoint d'autres grandes figures de la BD. Ses aventures paraissent aux côtés de celles de Tintin, Blake et Mortimer ou encore les Quatre Fils Aymon. Très vite, Paul Cuvelier se distingue par sa maîtrise virtuose des anatomies, ses drapés, ses costumes, ses décors, ses compositions d'une complexité éblouissante. Mais malgré son immense talent, l'homme a vécu des hauts et des bas. Un temps, il laissa ses crayons pour ses pinceaux pensant vivre de sa peinture mais il ne sera jamais autant reconnu que pour ses bandes dessinées à son grand regret.
La peinture, sa première passion
Dans ses peintures répertoriées notamment dans un catalogue par la Fondation Paul Cuvelier (www.paulcuvelier.org), on voit à quel point la commune qui l'a vu naître et grandir a compté pour lui. Paul Cuvelier adorait la campagne et les animaux. Les nombreuses fermes de Lens l'ont longtemps inspiré. Les scènes villageoises, les paysages et les chevaux retiennent son regard. Le cheval, « le plus nu des animaux », comme il le disait, l'attire plus particulièrement. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Paul Cuvelier n'avait pas besoin de poser son chevalet devant un paysage pour l'immortaliser. Une fois en tête, il pouvait le coucher sur papier jusque dans ses moindres détails. Jusqu'à sa mort, l'artiste se consacre à ses passions, la peinture et la sculpture mais l'homme s'éteint prématurément à l'âge de 55 ans. Il repose à jamais dans son village de Lens.