Ce qui frappe en voyant cette place, c’est sa dimension. Avec ses 2 hectares, elle est tout simplement la plus grande place du Hainaut. Arborée et composée d’une longue surface engazonnée, elle est aussi la plus grande place verte de Belgique ! Pour comprendre la structure de l’endroit, une plongée dans l’histoire est nécessaire.
Les Trinitaires d’Audregnies
La place qui s’offre à vous aujourd’hui n’a rien à voir avec celle du XIIIe siècle. Et pour cause. L’endroit est à l’époque, un immense jardin accolé au Couvent des Trinitaires de la Rédemption venus s’installer à Audregnies. L’histoire de l’ordre des Trinitaires d’Audregnies couvre plus de 5 siècles. Fondé en 1221 par Alard de Strépy, l’ordre oeuvra jusqu’en 1783, date de son édit de fermeture. De cette époque ne subsistent que quelques rares traces visibles et très peu d’archives. Leur mission était simple : récolter des fonds pour venir au secours de milliers d’esclaves chrétiens capturés lors des razzias sur les côtes méditerranéennes. Ces derniers étaient parfois prisonniers de longues années avant d’être vendus sur les marchés de Tripoli, de Tunis, d’Alger…
Le jardin du couvent
Le fondateur de cet ordre, Jean de Matha fut frappé par le sort des esclaves musulmans que les chrétiens capturaient « en réciprocité ». Souhaitant limiter ce type de pratiques, et encouragé par le Pape Innocent III, il créa en 1198 l’ordre de la Sainte-Trinité pour le rachat des captifs. Véritables précurseurs de l’action humanitaire, ses disciples, les trinitaires vinrent s’installer à Audregnies pour y créer un couvent et organiser leur mission. La place était réservée aux jardins du couvent pour la culture des potagers, pour les zones de pâturage des animaux et un espace dédié à l’accueil des plus pauvres. C’était donc une zone réservée au travail de la terre pour tirer quelques modestes revenus et ainsi assurer leurs missions : l’exercice de l’hospitalité et le rachat des captifs.
Les vestiges de l’histoire
De cet ordre, qui sauva de nombreux prisonniers (plus de 15 000 en 77 ans entre les XVIIe et XVIIIe siècle ne subsistent que quelques traces à Audregnies. On peut découvrir tout de même une porte étroite, dont le lintheau de pierre bleue est frappée de deux écus. L’un représente une croix pattée, arrondie comme une croix de Malte, l’autre trois licornes sur croix pattée. Au-dessus : une date 1763. Vous êtes devant l’entrée de l’ancien couvent qui déménagea sur le flanc nord de la place en 1507. Deux représentations des lieux permettent d’imaginer ce que fut la Trinité sous l’Ancien Régime. Des bâtiments simples, un espace monastique clos de murs avec cour, grange et des écuries. Aujourd’hui, la place restitue un bel ensemble d’architecture rurale du XVIIIe siècle. Chaque année, elle s’illumine pour les fêtes de la St jean, à l’occasion d'un son et lumières qui illustre cette histoire étonnante.